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Operation Marita Greece 1941

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maquette figurine Operation Marita Greece 1941 DRAGON 6783 1/35ème maquette char promo

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Fiche technique

Echelle1:35

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maquette figurine Operation Marita Greece 1941 DRAGON 6783 1/35ème maquette char promo

Dragon a sorti un nouvel ensemble de figurines à l'échelle 1/35ème dépeignant des soldats allemands pendant l'Opération Marita en 1941. Les quatre figurines sont admirablement sculptées dans des poses vivantes. Pour illustrer leur aspect pratique pour une gamme de fixations, leurs uniformes montrent la variété intéressante comme des haut-de-chausses NCO et un commandant de char la veste. Même les insignes sur leurs vestes sontfinement  modelées. Ces quatre soldats allemands iront admirablement dans un diorama de véhicule dépeignant la campagne grecque et en fait ils sont assez polyvalents pour s'adapter à n'importe quel théâtre de cette période de la Seconde Guerre mondiale. La campagne grecque est peu couverte par des figurines, donc cet ensemble est un complément inestimable pour le répertoire du maquettiste.

Ce nouvel ensemble inclue un officier général SS, un lieutenant de la Wehrmacht, un soldat avec le fusil fin prêt et un officier de Panzer NCO avec Luger et casque.

La figurine de SS est en réalité celui de SS-OBERGRUPPENFUERER Josef "Sepp" Dietrich, le célèbre (ou plus probable tristement célèbre) commandant de la Liebstandard Adolf SS Hitler. Il est représenté fumant une cigarette et tenant ses gants dans sa main gauche.
 

 

La bataille de Grèce (aussi appelée opération Marita, en allemand : Unternehmen Marita) est une bataille de la Seconde Guerre mondiale qui s'est déroulée sur le territoire grec et en Albanie au printemps 1941. Elle a opposé les forces de l'Axe aux Alliés (Grèce et Commonwealth). Avec la bataille de Crète et plusieurs autres actions navales, la bataille de Grèce fait partie du théâtre égéen de la campagne des Balkans.

La bataille de Grèce est la suite de la guerre italo-grecque commencée à l'automne 1940. Le 28 octobre 1940, l'Italie envahit la Grèce à partir de l'Albanie qu'elle occupe déjà depuis avril 1939. Cependant, l'armée grecque prouve qu'elle peut résister et contre-attaque, forçant l'armée italienne à battre en retraite. Vers la mi-décembre, les Grecs occupent à leur tour un quart du territoire albanais. En mars 1941, une nouvelle offensive italienne échoue, mettant fin aux prétentions italiennes en Grèce, et obligeant l'Allemagne à intervenir pour venir en aide à son allié.

Le 6 avril 1941, l'Allemagne envahit la Grèce depuis la Bulgarie afin de sécuriser son front sud. L'armée grecque largement inférieure en nombre et en équipement s'effondre. Athènes tombe le 27 avril 1941 pendant que le Commonwealth réussit à évacuer près de 50 000 hommes. La bataille de Grèce s'achève le 28 avril 1941 avec la chute de Kalamata. À l'issue de la bataille de Grèce, le pays est divisé en trois zones d'occupation entre les Allemands, les Bulgares et les Italiens, jusqu'au retrait des troupes italiennes en 1943 et la retraite des Allemands en octobre 1944.

La bataille de Grèce est considérée par certains historiens comme décisive dans le cours de la Seconde Guerre mondiale4 car l'invasion de la Grèce a sans doute rendu impossible un accord entre Hitler et Staline à propos de leurs sphères d'influence respectives. La résistance des soldats grecs a été saluée tant par les Alliés que par les Allemands.

 

À la fin de 1940, l'Allemagne occupe la majeure partie de l'Europe occidentale. Jaloux des victoires de son allié, Mussolini veut prouver qu'il peut mener l'Italie à des conquêtes militaires similaires. En 1939, l'Italie occupe déjà l'Albanie et plusieurs places fortes du Commonwealth britannique en Afrique du Nord. Mussolini, qui considère l'Europe du Sud-est comme faisant partie de la sphère d'influence italienne, décide d'envahir la Grèce, considérée alors comme un adversaire facile5.

 

La vie politique grecque de l'entre-deux-guerres est chaotique. Pendant la Première Guerre mondiale, la Grèce, sous l'impulsion d'Eleftherios Venizelos, rejoint le camp des Alliés alors que le roi Constantin Ier de Grèce, beau-frère de l'Empereur allemand Guillaume II d'Allemagne, est plutôt germanophile6. Ce ralliement permet à la Grèce de faire partie des vainqueurs du conflit et de récupérer sur la Bulgarie la Thrace occidentale et la côte égéenne autour d'Alexandroupoli. En 1920, le traité de Sèvres lui attribue, au détriment de la Turquie, la Thrace orientale, les îles d'Imbros et Ténédos, et la région de Smyrne. Seule l'Épire, donnée à l'Albanie, lui échappe.

Mais en 1921, la Grèce entre en guerre contre la Turquie et le conflit tourne au désastre pour la Grèce. La défaite contraint le roi Constantin à l'exil, tandis que la Grèce perd tous ses territoires en Asie mineure et une partie de la Thrace et que le chef du gouvernement et le chef d'état-major de l'armée sont jugés coupables de cette défaite lors du procès des Six et exécutés. De plus, le Traité de Lausanne entraîne un échange de population entre les deux pays : 1 300 000 Grecs d'Asie mineure sont rapatriés en Grèce6. Cet afflux de population pour un pays qui ne compte que 4,5 millions d'habitants se solde par une grave crise économique et une instabilité politique.

Après l'échec d'une prise de pouvoir communiste en novembre 1923, Venizelos reprend le pouvoir et le roi Georges II de Grèce abdique. Mais la jeune république grecque connaît toute une série de crises et ce ne sont pas moins d'une quinzaine de gouvernements qui se succèdent jusqu'en 1935, année de l'abolition de la République par Geórgios Kondýlis et du retour de Georges II. En 1936, Ioánnis Metaxás, connu pour son anticommunisme et son antiparlementarisme, est appelé au pouvoir par le roi. Il instaure une dictature qui met fin à dix années d'instabilité politique. Il abolit la constitution, dissout le parlement, interdit les partis politiques et exalte la grandeur grecque6.

 

La Grèce de 1940 est un pays rural, endetté et économiquement dépendant. On peut considérer qu'il est quasiment un protectorat britannique tellement le rôle politique, économique et financier de la Grande-Bretagne y est important7. En 1940, Le PNB par habitant est de 61 dollars, c'est-à-dire environ 9 fois moins que les 560 dollars par habitant de la Grande-Bretagne7,8. L'état de pauvreté du pays fait que 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les normes gouvernementales, en raison de son régime alimentaire pauvre et de la présence de maladies endémiques comme la tuberculose (près de 15 000 nouveaux cas chaque année) et la malaria (la Grèce consomme 5 % de la quinine vendue dans le monde)7.

Sur les 7 344 000 habitants du pays, près de 5 millions sont des ruraux9. On note d'ailleurs de forts contrastes entre les trois principales villes et le reste du pays. Athènes, Thessalonique et Patras connaissent l'industrie, l'électricité et le tramway mais dans les montagnes, qui représentent 70 % du territoire, les villages manquent de services élémentaires tels qu'écoles, routes ou bureaux de poste. Un tiers de la population est analphabète, et la moitié ne termine pas les quatre années d'enseignement obligatoire9.

La Grèce a durement été touchée par la crise économique des années 1930. L'essentiel des exportations du pays (71,5 %) provient de trois produits : le tabac (50 % des exportations), les raisins secs et l'huile d'olive, d'où la fragilité du pays face à la crise mondiale des années 1930 qui touche prioritairement ces produits de semi-luxe. Depuis 1932, elle s'est déclarée incapable de rembourser les intérêts de sa dette, détenue à 70 % par la Grande-Bretagne. L'Allemagne, qui achète à la Grèce beaucoup plus qu'elle ne lui vend10,11, profite de ces circonstances pour passer des accords commerciaux avec la Grèce, important du tabac contre des produits industriels, puis du matériel militaire, provoquant les protestations britanniques contre un gouvernement jugé germanophile10. En effet, le Premier ministre, et dictateur de type fasciste, Ioánnis Metaxás, militaire de carrière, a été formé en Allemagne ; il était considéré tellement pro-allemand, qu'après la crise politique de l'Ethnikos Dikhasmos (« Schisme National ») de 1915-1916, il fut exilé en même temps que le roi12.

 

La Grèce a conscience que ses voisins menacent sa souveraineté13. Si depuis la proclamation de la République en 1924 la diplomatie a diminué les tensions avec la Serbie et la Turquie et garanti les frontières de la Grèce, il reste néanmoins le danger bulgare. La Bulgarie regrette l'époque de la Grande Bulgarie dessinée par le Traité de San Stefano, la Thrace occidentale, bulgare de 1913 à 1918 et la Macédoine orientale qu'elle a occupée pendant la Première Guerre mondiale13. Dès 1936, Ioánnis Metaxás, qui voit dans ce voisin l'ennemi le plus dangereux, fait construire la Ligne Metaxas, une ligne fortifiée le long de la frontière avec la Bulgarie inspirée de la Ligne Maginot. Mais Metaxás est contraint de reconnaître que Mussolini est devenu l'ennemi prioritaire13. Les impérialismes grecs et italiens s'étaient déjà opposés après la Première Guerre mondiale en Albanie et en Asie mineure ; et le bombardement de Corfou en septembre 1923 avait montré que le contentieux n'était pas clos. Les convoitises italiennes se précisent lors de l'invasion de l'Albanie par l'Italie en avril 1939. L'Italie construit alors dans le sud de l'Albanie un aéroport et des routes dirigées vers la Grèce.

La guerre italo-grecque débute le 28 octobre 1940, lorsque l'ambassadeur d'Italie en Grèce, Emanuele Grazzi présente un ultimatum au premier ministre grec, Ioánnis Metaxás. Mussolini exige le libre passage de ses troupes afin d'occuper des sites stratégiques non définis sur le territoire grec14. Metaxás rejette l'ultimatum, un fait commémoré depuis lors du Jour du Non. L'Italie envahit la Grèce depuis l'Albanie avant même la fin de l'ultimatum15.

Les Italiens traversent la rivière Kalamas et se dirigent vers Ioannina, mais sont vite repoussés avant d'être poursuivis par l'armée grecque, d'abord en Grèce même, puis sur le territoire albanais. Après trois semaines d'offensive, le territoire grec est libéré et la contre-attaque se poursuit. Celle-ci est menée avec succès par les Grecs, les renforts italiens n'ayant que peu d'effet. Korçë, la plus grande ville d'Albanie est prise par les Grecs le 13 novembre, Pogradec et Argyrokastro le 4 décembre, Himarë le 24 et Këlcyrë le 10 janvier.

Carte de la région de Grèce, Yougoslavie à la Turquie. Elle matérialise une contre-attaque grecque au nord-est de celle-ci, en direction de l'Albanie.
La contre-attaque grecque.

Après des semaines de luttes infructueuses au cours de l'hiver 1940-1941, l'Italie lance une seconde offensive le 9 mars 1941. Malgré la supériorité numérique de l'armée italienne16, l'offensive échoue de nouveau et après seulement une semaine et 12 000 morts, Mussolini met fin à cette seconde offensive16. Il quitte l'Albanie douze jours plus tard et laisse à l'Allemagne le soin d'intervenir. Après six mois de combats contre l'Italie, l'armée grecque, bien que victorieuse, est épuisée et incapable de se dresser contre une éventuelle invasion allemande. De plus, la majeure partie de l'armée est massée en Albanie et ne peut lutter de façon efficace contre une nouvelle invasion16.

Hitler n'a pas prévu l'invasion allemande de la Grèce avant l'attaque contre l'Union Soviétique. Il attribue, au moins partiellement, la défaite des forces de l'Europe centrale lors de la Première Guerre mondiale à leur engagement dans les Balkans17. Il lui est par ailleurs difficile d'abandonner son allié italien, réduit en février 1941 au rang de satellite du Reich18. La présence britannique en Grèce est ce qui préoccupe le plus le Führer. Elle constitue cependant une menace sur son flanc droit dans ses projets vers l'Union soviétique. Les responsables politiques et militaires du Reich souhaitent absolument chasser les Britanniques de Grèce ; leur présence en Grèce menace les champs pétrolifères roumains19. Il prépare donc toutes les solutions possibles : la diplomatie et la guerre. En novembre 1940, le chef de l'Abwehr, Wilhelm Canaris rencontre l'ambassadeur grec en Allemagne, l'amiral Argyropoulos et lui propose la médiation allemande dans le conflit avec l'Italie. Berlin imposerait un cessez-le-feu et interposerait des troupes entre les belligérants, la Grèce garderait les territoires albanais conquis. En échange, Athènes s'engagerait à obliger les troupes britanniques stationnées en Grèce à évacuer le pays. La même proposition est faite par l'ambassadeur allemand à Athènes au ministre grec de l'intérieur. Dans les deux cas, la Grèce ne répond pas, préférant que les propositions soient faites par la voie diplomatique officielle, afin de leur donner plus de poids20.

Hitler décide aussi en parallèle de préparer une intervention militaire. Le 4 novembre 1940, soit sept jours après le début de l'invasion de la Grèce par l'Italie21, il demande à son état-major de préparer une intervention dans le nord de la Grèce à partir de la Roumanie, via la Bulgarie. Il envisage de priver la Grande-Bretagne de toutes ses bases en Méditerranée22, c'est pourquoi l'invasion de la Grèce fait partie d'un plan de plus grande envergure incluant également l'occupation de Gibraltar et de l'Afrique du Nord. Dès le 12 novembre, la directive no 18 planifie les opérations simultanées contre Gibraltar et la Grèce pour janvier 194123.

En décembre 1940, les plans allemands sont modifiés lorsque Franco rejette l'idée d'une attaque contre Gibraltar. En conséquence, l'Allemagne se reporte uniquement sur la Grèce. Mais pour intervenir en Grèce, Hitler doit, au préalable, obtenir l'accord de Boris III de Bulgarie ainsi que celui de l'Union soviétique qui considère la Bulgarie comme faisant partie de sa sphère d'influence. Le 12 novembre, Hitler rencontre Molotov dans le but d'obtenir son accord, que celui-ci lui refuse24. Le 18 novembre, c'est au tour du roi Boris d'être reçu pour évoquer l'éventualité d'une offensive germano-bulgare en Grèce. Conscient de l'attachement du peuple bulgare à la Russie, Boris refuse la proposition de Hitler de signer le pacte tripartite, préférant attendre la veille des opérations pour le faire24. Le 28 novembre, Hitler entame des pourparlers avec le ministre des affaires étrangères yougoslave. Il lui propose un débouché sur la mer Égée avec la ville de Thessalonique en échange de la signature d'un pacte de non-agression germano-italo-yougoslave24. Le 13 décembre 1940, Hitler signe la directive no 20 qui fixe les modalités d'invasion de la Grèce25, cinq jours avant de signer le plan Barbarossa. Le plan prévoit qu'en mars 1941, lorsque le temps sera plus favorable, les troupes allemandes envahiront la côte nord de la Mer Égée et, si nécessaire, le pays entier26. Le 5 janvier 1941, environ 80 000 soldats allemands sont massés en Roumanie27.

Soldats, au premier plan, attendant pour embarquer dans un train dans le fond, celui-ci se trouvant devant un navire.
Troupes australiennes s'embarquant au Caire.

En 1939, le Royaume-Uni a garanti une aide militaire à la Grèce si son intégrité territoriale est menacée28. L'intérêt principal de la Grande-Bretagne est que la Crète ne tombe pas dans des mains ennemies. L'île est en effet considérée comme une défense naturelle de l'Égypte (et par conséquent du Canal de Suez et de la route des Indes)29. La façon dont les Grecs ont repoussé les Italiens enthousiasme l'opinion publique britannique, et le premier ministre Winston Churchill lui-même trouve qu'il serait déshonorant de ne pas lui venir en aide30. Ainsi, en novembre 1940, cinq escadrons de la Royal Air Force (chasseurs et bombardiers légers) sous le commandement de John d'Albiac sont envoyés aider l'armée de l'air hellénique30. Dans le même temps, les troupes britanniques occupent la Crète avec le consentement du gouvernement grec à partir du 3 novembre, dans le but de libérer la 5e division grecque de Crète et de pouvoir l'envoyer sur le front albanais.

Auparavant, des voix s'étaient élevées parmi les officiers britanniques contre l'engagement en Grèce de troupes déjà limitées en Afrique du Nord31. De leur côté, les Grecs ont peur de provoquer les Allemands en massant des troupes à la frontière, mais sont déterminés à résister à l'invasion si elle devait se produire. En janvier 1941, lors d'une rencontre avec le commandant en chef des armées britanniques au Moyen-Orient, Archibald Wavell, le commandant en chef des armées grecques, Aléxandros Papágos, demande le renfort de neuf divisions afin de les poster sur la frontière gréco-bulgare. Lorsque Wavell répond qu'il ne peut offrir que deux ou trois divisions, l'offre est repoussée, car jugée inadéquate ; elle ne ferait que hâter l'intervention de l'Allemagne32,33. Churchill espère recréer le front des Balkans de la Première Guerre mondiale grâce à la participation de la Yougoslavie et de la Turquie et envoie Anthony Eden et John Dill dans la région pour des négociations. L'idée est alors d'apporter à la Grèce une aide suffisante pour la maintenir dans la guerre, mais sans trop dégarnir les troupes défendant l'Égypte. De plus, le front grec constitue une extension du conflit et obligerait à terme Hitler à dégarnir et donc affaiblir d'autres théâtres d'opérations34.

Un pope aux côtés d'une chenillette, sous les yeux de nombreux hommes, dont des soldats.
Un pope crétois bénit des soldats britanniques en Crète avant leur embarquement vers la Grèce.

La décision d'envoyer en Grèce des troupes du Commonwealth est prise le 22 février 1941. Lors d'une rencontre au palais royal de Tatoi, Anthony Eden annonce que la Grande-Bretagne s'apprête à envoyer 100 000 hommes, 142 tanks, quelques centaines de canons et cinq nouveaux escadrons de chasse35, des troupes à peine suffisantes pour résister aux troupes allemandes qui continuent de se masser en Roumanie : 23 divisions et 500 avions35. La Bulgarie rejoint l'Axe le 1er mars 1941. Alors que les troupes allemandes franchissent le Danube, l'invasion devient imminente. 58 000 Britanniques, Australiens et Néo-Zélandais sont dépêchés en Grèce en mars 1941 lors de l'Opération Lustre, composée de la 6e division australienne, de la 2de division néo-zélandaise et la 1re brigade de blindés britannique, connues sous le nom de Force « W », car sous les ordres du général Henry Maitland Wilson36. À l'origine affectée en Grèce, la Brigade indépendante des Carpates polonaise et la 7e division australienne sont maintenues en Afrique par Wavell à cause de la poussée de Erwin Rommel en Cyrénaïque37.

De plus, cet appui fourni à la Grèce n'échappe pas à la diplomatie soviétique, qui, en janvier 1941, propose une alliance diplomatique avec la Grande-Bretagne, engagée en Grèce, et Turquie, dont les responsables sont conscients que leur pays pourrait bien être à son tour envahi par le Reich38.

Anthony Eden ne réussit pas à convaincre la Turquie de sortir de sa neutralité, tandis que la Yougoslavie, sous pression allemande, tergiverse jusqu'à ce qu'elle rejoigne l'Axe le 25 mars. Le 27 mars, un coup d'État soutenu par les Serbes intervient, mais trop tard pour permettre la création de l'alliance rêvée par Churchill.

 

Pour entrer dans le nord la Grèce, les Allemands doivent franchir le massif des Rhodopes, où seuls quelques cols et quelques vallées permettent le passage d'une armée. Deux routes permettent une invasion : une à l'ouest de Kyoustendil, le long de la frontière bulgaro-yougoslave ; la seconde à travers la vallée du Strouma, vers le sud. Les routes montagneuses très escarpées, avec de nombreux lacets ne peuvent accueillir le passage des véhicules les plus gros jusqu'à ce que les troupes du génie les élargissent. Seuls l'infanterie et les animaux peuvent avancer autrement qu'en empruntant les routes. Les fortifications grecques le long de la frontière avec la Bulgarie sont très bien adaptées à ce terrain difficile39, et un système de défense couvre les quelques routes existantes.

Le long de la frontière avec la Yougoslavie, se dresse une autre chaîne montagneuse avec seulement deux défilés permettant le passage de troupes : un allant de Monastir à Florina, le second le long du Vardar. En dehors de ces défilés, les Allemands seraient contraints de franchir de nombreuses montagnes barrant l'accès vers l'intérieur du pays. Plus à l'ouest, se dressent les monts du Pinde, s'étirant depuis l'Albanie jusque loin dans le territoire grec, alors que l'Olympe et la chaîne des Thermopyles obstruent la partie est de la péninsule.

Enfin, les montagnes du Péloponnèse entravent la tenue d'opérations militaires dans les régions sud de la Grèce. En plus de cette topographie difficile, les troupes devraient faire face à des régions peu habitées, à des ressources en eaux limitées, et à un climat peu clément avec de fortes températures.

 

Le terrain montagneux de Grèce semble être fait pour la défense tant les hautes chaînes des Rhodopes, de l'Épire, du Pinde ou du mont Olympe offrent de possibilités pour arrêter l'ennemi. Cependant, le défenseur doit posséder suffisamment d'appui aérien pour éviter que les défilés ne deviennent des pièges pour ses troupes. De plus, s'il parait aisé de repousser un envahisseur s'engouffrant depuis l'Albanie, la partie nord-est du pays est plus difficile à défendre contre une attaque venue du nord40.

Malgré l'évidence croissante du passage du Danube par les troupes allemandes en Bulgarie au début du printemps 1941, les forces grecques et du Commonwealth sont cependant incapables d'établir un front cohérent à cause de désaccords entre leurs commandements respectifs41.

Les Grecs souhaitent se battre sur la Ligne Metaxas, une ligne de fortifications construite dans les années 1930 le long de la frontière gréco-bulgare. Ils espèrent ainsi tirer avantage de la difficulté naturelle du terrain et des fortifications mises en place, et protéger ainsi le port stratégique de Thessalonique. Cependant ils sous-estiment le fait que les troupes et l'équipement disponibles ne sont vraiment adaptés que pour une résistance symbolique et que la Ligne Metaxas est vulnérable à une attaque sur le flanc, menée depuis la vallée du Vardar et rendue possible si la neutralité de la Yougoslavie était violée. Obsédée par sa rivalité avec la Bulgarie, et confiant en ses bonnes relations avec les Yougoslaves, la Grèce laisse sa frontière avec la Yougoslavie largement dégarnie41.

Après les rencontres de mars 1941 à Athènes, les Britanniques pensent qu'eux et les Grecs doivent immédiatement commencer à occuper la Ligne Aliakmon42, qui s'étend de la ville d'Édessa en direction du sud-est jusqu'au delta du Vardar. L'avantage de cette position est qu'elle nécessite moins de forces et qu'elle offre davantage de temps pour préparer les positions défensives. Néanmoins, cela implique également d'abandonner presque tout le nord la Grèce, ce qui parait inacceptable aux yeux des Grecs à la fois pour des raisons politiques mais aussi psychologiques. De plus, le flanc gauche de cette ligne est susceptible de subir les attaques allemandes depuis la vallée de Monastir en Yougoslavie43. Papágos préfère, dans un premier temps, attendre la réponse du gouvernement yougoslave quant à ses intentions, et propose de continuer à occuper la ligne Metaxas et de ne pas retirer ses troupes d'Albanie44. Papágos espère tirer avantage du terrain difficile et des fortifications mises en place, et ainsi protéger Thessalonique qui est un port stratégique.

Bien que les Britanniques réalisent pleinement à quel point la frontière grecque est faiblement défendue44, ils laissent cependant les Grecs agir à leur guise. Dill accepte les plans de la Ligne Metaxas et l'accord est ratifié par le gouvernement britannique le 7 mars45. Les Britanniques ne déplacent toutefois pas leurs troupes plus au nord, sur la Ligne Metaxas, car Wilson considère que ses troupes sont trop peu nombreuses pour tenir un front si étendu44. À la place, il dispose ses hommes, comme prévu, le long de la Ligne Aliakmon, dans un souci de garder le contact avec la première armée grecque située en Albanie, et de mieux contrer l'accès des Allemands au centre de la Grèce.

Le 28 mars, les forces grecques des 12e et 20e divisions d'infanterie positionnées en Macédoine centrale sont placées sous le commandement du général Wilson qui établit son quartier général au nord-ouest de Larissa. Les Néo-Zélandais prennent position au nord du mont Olympe et les Australiens bloquent la vallée de l'Aliakmon jusqu'aux monts Vermion. La Royal Air Force continue à opérer depuis les terrains d'aviation situées dans le centre et le sud du pays. Les troupes britanniques sont presque toutes motorisées mais leur équipement est fait pour le désert et non pour les routes montagneuses de Grèce. Ils manquent de chars d'assaut et de batteries anti-aériennes40. De plus, les lignes de communications à travers la Méditerranée sont très vulnérables, même si la Navy domine la Mer Égée. Les problèmes logistiques sont aggravés par la disponibilité limitée en navires et par la faible capacité d'accueil des ports grecs46.

Enfin, la 5e armée yougoslave doit assurer la défense de sa frontière sud-est, entre Kriva Palanka et la frontière grecque. Mais au moment où les Allemands s'apprêtent à attaquer, les troupes yougoslaves ne sont pas complètement mobilisées et manquent d'armes et d'équipement moderne46.

 

Le plan d'attaque allemand est influencé par l'expérience de la bataille de France. Il repose sur l'hypothèse qu'après le conflit italo-grec, les Grecs manquent d'hommes pour défendre leurs frontières avec la Yougoslavie et la Bulgarie. Engager les divisions blindées directement vers les points les plus faibles de la défense devrait apporter la liberté de manœuvre nécessaire pour s'enfoncer loin dans le territoire ennemi, davantage qu'en envoyant d'abord l'infanterie pour forcer l'accès aux défilés. Après avoir percé le système défensif du sud de la Yougoslavie, la Ligne Metaxas se retrouverait débordée par les troupes allemandes entrant en Grèce depuis la Yougoslavie. La prise de Monastir et de la vallée de l'Axios se révèle essentielle dans la réalisation d'une telle stratégie47.

Le coup d'État en Yougoslavie apporte des changements soudains dans les plans allemands. La directive no 25, reçue par le quartier général le matin du 28 mars, ordonne à la 12e armée de se regrouper de telle manière qu'une force constituée presque uniquement d'unités mobiles soit disponible pour attaquer Belgrade via Niš48. Au soir du 5 avril toutes les troupes prévues pour l'invasion de la Yougoslavie et de la Grèce sont prêtes à passer à l'action49.

Le 6 avril à h 30, l'ambassadeur allemand à Athènes, le prince Erbach, remet une note au Premier ministre Alexandros Korizis. L'Allemagne annonce que la Grèce a violé la neutralité à laquelle elle était tenue et que par conséquent, les troupes allemandes sont entrées en territoire grec50. L'armée allemande envahit ainsi le nord de la Grèce et lance simultanément une offensive contre la Yougoslavie.

 

Carte centrée sur Salonique et le sud de la Yougoslavie et de la Bulgarie. Les fronts sont matérialisés, ainsi que l'offensive allemande par des flèches.

Aux premières heures du 6 avril, l'armée allemande envahit la Grèce et la Yougoslavie et la Luftwaffe commence à bombarder Belgrade. Le XL Panzer Corps franchit la frontière yougoslave en deux points à 5 heures 30. L'après-midi du 7, les Allemands entrent dans Skopje, puis prennent Prilep le 8. La ligne de chemin de fer entre Thessalonique et Belgrade, un des objectifs stratégiques de la campagne dans la perspective de couper la Yougoslavie de ses alliés, est atteinte.

Les Allemands sont alors dans des conditions favorables pour poursuivre l'offensive. Le soir du 9 avril, le général Georg Stumme déploie ses forces au nord de Monastir, prêtes à franchir la frontière grecque vers Florina, Édessa et Kateríni3.

Pendant que quelques détachements couvrent les arrières de l'armée allemande en cas d'attaque lancée depuis le centre de la Yougoslavie, le reste de la 9e division Panzer fait route vers l'ouest pour rejoindre les Italiens à la frontière albanaise51.

La 2e Panzerdivision, entrée aussi en Yougoslavie le 6 avril, a dans le même temps avancé vers l'ouest à travers la vallée du Strouma, rencontrant assez peu de résistance de la part de l'armée yougoslave, mais retardée par les champs de mines et les routes boueuses52. Néanmoins, la division atteint son objectif du jour : la ville de Strumica. Le 7 avril, une contre-attaque yougoslave lancée contre le flanc nord de la division est repoussée, et le jour suivant elle passe les montagnes et déborde la 19e division d'infanterie grecque stationnée au sud du lac Dojran. Malgré de nombreux retards sur les routes étroites, un détachement de blindés entre dans Thessalonique le matin du 9 avril sans qu'il y ait de combat52. À 14h, le lieutenant-général grec Constantinos Vakalopoulos et le lieutenant-général allemand Veiel signent l'accord de capitulation de Thessalonique. Les combats cessent à 16h50. Des messagers allemands se présentent alors aux divers forts de la ligne Metaxas non encore capturés. Ils annoncent la capitulation de Thessalonique et demandent la reddition des forts. Certains répondent que les forts ne peuvent se rendre, mais doivent être pris (fort Roupel), d'autres acceptent uniquement un cessez-le-feu, peu capitulent50.

La Ligne Métaxas est défendue par la Section de Macédoine Orientale (Tμήμα Στρατıάς Ανατολικής Μακεδονίας ou TΣAM), dirigée par le général Konstantinos Bakopoulos et composée de 7e, 14e et 17e divisions d'infanterie, toutes sous-équipées53. Les fortifications courent sur environ 170 km depuis la rivière Nestos à l'est, avant de longer la frontière bulgare jusqu'aux monts Kerkini près de la frontière yougoslave. Les fortifications sont conçues pour accueillir 200 000 hommes mais ne sont défendues que par 70 000 soldats. En raison de ce petit nombre, les lignes défensives sont étendues et minces54. De plus, la TΣAM n'est que peu équipée en défenses anti-aériennes et anti-chars, la plupart de ces équipements sont mobilisés sur le front albanais. Les seuls renforts envoyés par Bakopoulos seront les 19e, 12e et 20e divisions de l'armée de Macédoine Centrale (TSKM), qui manquent d'hommes et sont équipées d'armes obsolètes55.

Les troupes allemandes de la XIIe armée entrent en Grèce le 6 avril à h 15, avant l'annonce de l'attaque par l'ambassadeur du Reich50. L'offensive initiale contre la ligne Metaxas par les chasseurs alpins rencontre une résistance féroce de la part des Grecs et ne se traduit que par des succès limités. Un rapport allemand établi au soir du premier jour mentionne que les Allemands sont repoussés au col Roupel malgré l'intense soutien aérien et qu'ils subissent de lourdes pertes56. En même temps, le port du Pirée est bombardé. Le transport britannique Clan Fraser explose, avec 200 tonnes de TNT à bord. Deux

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