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Soviet-Afgan War (1979-1988) Soviet Special Troops
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La première guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine a opposé, du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, l'armée de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), aux moudjahidines (« guerriers saints »). Durant dix ans, cette guerre a ravagé l'Afghanistan. Du fait de l'implication des États-Unis et de l'URSS, cette guerre est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide.
L'invasion soviétique s’inscrit dans le contexte de la guerre froide. Face aux États-Unis qui soutiennent le Pakistan face à une Inde qui se voulait le fer de lance des pays non-alignés, l’URSS soutient l’Afghanistan qui avait, depuis 1919, des revendications territoriales sur les régions à majorité pachtoune du Pakistan dont l'acquisition aurait permis à l’Afghanistan de se désenclaver en possédant un accès à la mer d'Arabie.
Le 27 avril 1978 en Afghanistan a commencé la révolution, avec pour résultat l'arrivée au pouvoir du Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) qui a proclamé le pays « République démocratique d'Afghanistan » (DRA).
Les tentatives faites par les dirigeants du pays de mettre en oeuvre de nouvelles réformes, qui permettraient de surmonter le retard de l'Afghanistan, ont rencontré la résistance de l'opposition islamique. En 1978, avant l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, la guerre civile a déjà éclaté.
À la suite d'un coup d'État fomenté en 1973 par le prince Mohammed Daoud Khan, l’État afghan s’éloigne de plus en plus de Moscou. L'URSS voit donc d'un œil favorable le coup d'État de 1978 qui amène le Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) d'obédience marxiste au pouvoir. Celui-ci entretient des relations privilégiées avec l’URSS et met en place une série de réformes collectivistes et sociales (imposition d'un athéisme d'État3, alphabétisation, droit des femmes, réformes agraires…) qui contrarient les coutumes conservatrices afghanes, ainsi qu'une politique répressive envers les élites et classes moyennes du pays4. Mais le PDPA est alors fragile puisque formé par la fusion du Khalq (« le Peuple », tendance radicale) et du Pacharm (« l’Étendard », plus modéré). Le radical Hafizullah Amin, Premier ministre du régime désire plus d'autonomie vis-à-vis de l'URSS, avis partagé par une partie de la population.On a longtemps cru que les Soviétiques avaient été les initiateurs de ce conflit, pour soutenir le PDPA. Les tentatives de déstabilisation se font via le Pakistan où le général Zia a instauré, après le coup d’État de 1977, un régime militaro-islamiste et fait pendre, le 4 avril, le Premier ministre démocratiquement élu Ali Bhutto. Le 14 septembre, le président afghan Nour Mohammad Taraki, très favorable à Moscou, est assassiné par son concurrent communiste Hafizullah Amin, qui lui succède et prend ses distances avec Moscou. De plus, l’Iran de Khomeiny, hostile au « grand Satan » américain, déteste tout autant l’Union soviétique et suscite l’inquiétude de Moscou de voir s’étendre la contestation religieuse en Asie centrale soviétique. En mars, un mois seulement après la révolution iranienne, la ville d’Hérat s'était d’ailleurs soulevée contre le régime communiste de Kaboul ; les services soviétiques y avaient vu la main de Téhéran. Toutes ces raisons poussent Moscou à intervenir. Le 25 décembre, l’Armée Rouge entre en Afghanistan5.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1979 à 3 h du matin, dans le cadre l'opération Chtorm-333, deux divisions de l'armée de l'air soviétique atterrissent à Kaboul et à Shinband, dans l'ouest de l'Afghanistan. Au même moment des unités motorisées stationnées en Ouzbékistan franchissent la frontière. Deux jours plus tard, le président du conseil révolutionnaire, Hafizullah Amin, est exécuté par les Spetsnaz et remplacé par son rival au sein du Parti Communiste afghan, Babrak Karmal6.
L'URSS justifie son intervention par la volonté de préserver le régime en place et de maintenir le calme en Asie centrale. Par rapport au principe du respect du droit international, elle invoque de très nombreuses demandes d'intervention du gouvernement communiste afghan auprès d'elle dans toute l'année 1979.
Le plan « Chtorm 333 » (baptisé également « Opération Prague ») prévoit l'entrée en force de la 40e armée soviétique commandée par le général Borissov. Un pont aérien est établi entre Tachkent, en Ouzbékistan et les principaux aéroports d’Afghanistan. Les troupes d’élite s’emparent des lieux stratégiques, à commencer par la capitale, (près de 10 000 paras se retrouvent rapidement sur place) tandis que le reste des forces emprunte la « route des invasions » à partir des deux villes frontalières de Kuska (à l’ouest) et Termez (à l’est).
La force d'invasion déploie trois divisions d'infanterie équipées de nombreux blindés, une division aéroportée (105e division aéroportée de la Garde, renforcée d'un régiment de la 103e division et d'un de la 104e, et formant un groupe spécial sous les ordres du général Yevanov pour prendre la capitale) et différentes unités autonomes, soit un total de 55 000 hommes.
En décembre 1979, les hommes du général Sergueï Sokolov prennent plusieurs villes afghanes après que les renseignements soviétiques (GRU) ont commandité la mort de Hafizullah Amin. Dans le même temps, des troupes aéroportées soviétiques occupent des villes du centre.
La colonne pénétrant à l'ouest (par Kuska) prend les villes d'Harat et Chin Dand puis continue sur Kandahar.
La 105e division aéroportée de la Garde sécurise la capitale puis aide la seconde colonne (qui vient par Termez avec les 201e et 360e divisions d'infanterie) à s'emparer du tunnel stratégique de Salang qui tombe le 20 février 1980. L'avance se poursuit sur Ghazni, pour rejoindre l'autre colonne, et Jalalabad pour prendre la passe stratégique de Khyber, lieu de passage entre l'Asie centrale et le sous-continent indien.
Au début de 1980, près de 100 000 soldats soviétiques sont en Afghanistan mais ils ne contrôlent que les grandes villes et principales régions économiques (20 % du pays). De plus, les chars et véhicules blindés se montrent inadaptés au relief montagneux.
Les combats sont peu nombreux jusqu'en février 1980, les Soviétiques installant des bases. Ils ne peuvent compter sur l'armée afghane sous-entrainée et peu sûre.
Cette intervention est condamnée par l'ONU le 14 janvier 1980. La condamnation est renouvelée tous les ans. Elle marque la fin de la détente entre l'est et l'ouest dont les pays sont inquiets de la proximité de l'armée soviétique du pétrole arabe. Seule la Roumanie, dans le camp des démocraties socialistes, condamnera l'invasion. 34 États musulmans protestèrent.
Une vive résistance nationale se met en place face à un occupant soviétique qui ne s’attendait pas à une telle réaction. De plus cette agression soulève une grande émotion dans l’ensemble de la résistance afghane moudjahidine, soutenue et financée entre autres par la CIA et autres services secrets occidentaux.
Une partie de l'armée afghane se laissa désarmer tandis que d'autres résistèrent farouchement avant de gagner les montagnes. En quelques jours, la moitié de ses 80 000 hommes désertèrent avec leur armement.
Des réseaux se mettent en place pour acheminer armes et volontaires venant du Maghreb, de la péninsule arabique, d'Égypte, du Levant voire d'Europe. Le Pakistan devenant une base arrière. Le 27 janvier 1980, une "Alliance Islamique" regroupe une partie des résistants.
Le 22 février, une manifestation à Kaboul fait 1 000 tués. Loi martiale et couvre-feu sont instaurés. Le 14 mars, un accord entre Afghans et Soviétiques officialise la présence militaire soviétique.
Durant les trois premières années, les Soviétiques étendent leur contrôle sur le pays et augmentent leurs effectifs sur place, passant de 85 000 hommes en mars 19807 à 108 000 et 118 000 hommes selon que l'on compte les détachements KGB ou non8.
Les Soviétiques voulaient tenir les villes et axes de communications laissant l'éradication des rebelles à l'armée afghane. Mais ils font face à la désertion des deux tiers des effectifs de cette dernière (120 000 hommes).
En mars 1980, les combats s'intensifient, l'Armée rouge utilisant sa puissance de feu. Au printemps, une offensive lancée à l'est et sur la frontière pakistanaise échoue.
La brigade musulmane est renvoyée en URSS à la suite de désertions et échanges d'armes et de données avec leurs frères de religion. Des unités baltes, plus sûres, la remplaceront.
Les soviétiques prennent conseil auprès d'anciens commandants vietnamiens qui préconisent l'utilisation de forces spéciales et d'hélicoptères en se concentrant sur l'Afghanistan "utile". Ils mettent en place sept régions dirigées par un général russe et un afghan. Les formations de soutien et blindées sont renvoyées.
Nouveaux échecs en automne, lors d'offensives dans les vallées du Panshir et du Kunar. L'armée soviétique s'enferme dans ses camps et lutte pour maintenir ses communications. La violence contre les populations renforçant les rebelles.
Les moudjahidines, soutenus et armés par les pays occidentaux, États-Unis en tête, prennent progressivement le contrôle de la majorité du territoire (80 %) à l'exception des villes principales. Les Soviétiques sont réduits à des opérations ponctuelles comme la protection de leurs convois ou le largage de millions de mines antipersonnel. Des attaques tentent de dégager les garnisons tenant la frontière pakistanaise.
Face à la terreur et aux combats, trois millions de réfugiés fuient au Pakistan et en Iran ou remplissent les villes d'Afghanistan. Les Occidentaux boycottent les jeux olympiques de Moscou en 1980.
En mars 1981, les Soviétiques lancent leur troisième offensive sur le Panshir du commandant Massoud sans plus de succès.
De plus, les unités motorisées venant d'Ouzbékistan et du Turkestan ont tendance à être moins combatives contre d'autres musulmans. Intégrant 70 % de réservistes mal préparés pour ce type de guerre en montagne, elles seront remplacées par des unités de Baltes et d'Ukrainiens. Le rappel des réservistes afghans provoque de violentes manifestations à Kaboul les 8 et 9 septembre 1981.
En septembre 1981, quatrième offensive très meurtrière au Panshir.
En avril 1982, les moudjahidines surprennent, par une puissante attaque, les Soviétiques à Khost, à laquelle ils répliquent, en mai, par une cinquième offensive au Panshir, avec 12 000 soldats et 104 hélicoptères, précédée comme à chaque fois par un bombardement aérien et des posées de paras par hélicoptère pour sécuriser le haut des montagnes.
Massoud perd la vallée et les Soviétiques prennent une liste de 600 espions situés à Kaboul, ce qui décapitera le système de renseignement du commandant. Mais cette victoire est éphémère. Les combattants rebelles se sont échappés et ont réoccupé la vallée. Une trentaine d'hélicoptères ont été perdus chez les Soviétiques qui lancent une nouvelle offensive en août et septembre 1982. Les villages suspects sont bombardés par des Tu-16 venant directement d'URSS.
Les actes héroïques sont nombreux des deux côtés. Les pertes sont lourdes chez les Soviétiques et les gouvernementaux afghans (au moral très bas et qui perdent les zones « libérées » qui leur sont confiées) autant que chez les rebelles. Cela entraine l'ouverture de négociations en janvier 1983.
Un cessez-le-feu est signé mais les combats se poursuivent autour de la passe de Salang qui est d'une importance vitale pour la liaison entre Kaboul et l'URSS.
Massoud en profite pour étendre son influence et fortifier sa vallée du Panshir.
L'ambassade d'URSS est attaquée en décembre 1982.
En 1984-1985, les Soviétiques l'emportent sur le moudjahidines relégués dans leurs montagnes.
Les Soviétiques lancent encore de grosses offensives en avril 1983, avril 1984 (dont la 7e sur le Panshir) et avril 1985 mais ils adaptent leur armée à ce type de conflit : ils se concentrent sur la sécurité des convois et des bases et utilisent de façon accrue l'armée afghane et surtout les troupes d'élite (paras et Spetsnaz) héliportées. Ils obtiennent d'importants succès et seule la livraison de missiles Stingers permet aux rebelles de ne pas être écrasés.
Les Soviétiques adaptent aussi leurs matériels (dont l'emploi des hélicoptères Mil Mi-24 Hind à partir du milieu de la guerre qui fera pencher la balance côté soviétique jusqu'à l'arrivée des FIM-92 Stinger) et s'allègent. Et adoptent une certaine autonomie au sein des unités. Les postes et bases le long des axes de communication se multiplient, gourmands en effectifs, ce qui réduit les capacités combattantes et le moral des garnisons. Ils emploient aussi la tactique de la terre brulée contre les rebelles et les techniques contre-insurrectionelles.
D'avril à septembre 1984, Tchernenko, lance une offensive au Panshir précédée de deux jours de bombardement aériens par des Tu-16, Tu-22 et Su-24. 200 avions et 190 hélicoptères en soutien. La vallée est abandonnée par les rouges en septembre peu avant de lancer la 8e offensive.
En juin 1985, violente contre-attaque soviétique toujours au Panshir à la suite de la destruction d'un poste.
Le 10 septembre 1985, une tentative d'attaque contre la présidence afghane fait 16 morts.
Mikhaïl Gorbatchev voulant quitter l'Afghanistan sans ternir l'image de l'armée, décide d'obtenir une victoire nette. Il fait renforcer le contingent qui comprend quatre divisions renforcées, cinq brigades, quatre régiments, six bataillons, quatre escadrons d'avions et trois régiments d'hélicoptères.
Pour la première fois, l'hiver de 1985 voit la poursuite des actions alors qu'habituellement, en cette saison, les combats s'arrêtent.
80 % du pays est toujours entre les mains des moudjahidines. Des millions de mines antipersonnel sont larguées à travers le pays.
Mohammed Nadjibullah remplace Babrak Karmal à la tête de l'État afghan et veut négocier avec les rebelles en suivant un processus de réconciliation nationale sur le principe d'une perestroïka afghane. Les Soviétiques envoient des raids d'hélicoptères MI-24 Hind et des chasseurs-bombardiers vers les places fortes afghanes, les Spetsnaz subissant de lourdes pertes au sol.
En 1986, les moudjahidines commencent à recevoir des missiles sol-air FIM-92 Stinger, ce qui fait perdre aux Russes le contrôle du ciel, bouleversant l'équilibre des forces.
Les Soviétiques mettent en place une armée gouvernementale afghane de 302 000 hommes en 1986 mais, chaque année, 32 000 fuient.
Mikhaïl Gorbatchev change de stratégie et interdit les grandes opérations. Il évoque publiquement un retrait.
Dès janvier 1987, les Soviétiques ne participent plus aux combats, se contentant de se défendre, laissant l'effort de guerre à l'armée afghane largement modernisée et bien entrainée, mais loin d'être fiable.
En 1987, une vaste opération de bombardement a lieu sur Kandahar. Prise de Khost en novembre par un régiment russe. Cela permet aux Russes de quitter le pays sur une victoire : l'échec de négociations avec un chef rebelle déclenche l'opération. Pour éviter des massacres préjudiciables à leur image, les Soviétiques procèdent à une vaste propagande pour prévenir la population et l'inciter à partir. Les soldats afghans nettoient la région. La ville est prise en décembre et abandonnée en janvier.
En février 1988, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes (à la suite de la colère au sein de la population face au retour des cercueils), appuyé par la trêve négociée avec Ahmed Chah Massoud.
La trêve devient effective un an plus tard, le 15 février 1989, date de la fin du retrait soviétique d'Afghanistan.
En avril 1988, 200 camions sont détruits près de Ghazni.
Les accords de Genève sont signés le 14 avril 1988 entre Afghanistan et Pakistan, avec États-Unis et URSS comme garants. Le retrait des troupes russes commence le 15 mai 1988. En octobre, les Américains interrompent les livraisons de missiles antiaériens.
Une ultime offensive a lieu en janvier 1989 contre Massoud au Panshir pour amoindrir la menace. L'opération consiste principalement en de violents bombardements d'artillerie et de missiles.
Le 15 février 1989, le général Boris Gromov passe à pied le pont de « l'Amitié » sur l'Amou Daria, dernier soldat soviétique de la 40e armée à quitter le pays derrière une colonne de 450 véhicules et 1 400 hommes.
Rapidement, la guerre civile s'installe entre les différents groupes armés moudjahidines et l'armée du gouvernement communiste fidèle au président Mohammed Nadjibullah.
Dans les années 1990, la guerre civile fait suite à la lutte contre l’URSS. Dès la chute du régime prosoviétique, des dissensions ont commencé à apparaître entre moudjahidines afghans et volontaires islamistes étrangers (des arabophones le plus souvent) qui entendent désormais faire de l’Afghanistan une base pour l’entraînement à la guerre sainte (jihad) contre l’Occident et un État respectant la charia. En 1996, les talibans, soutenus par le Pakistan (matériels) et l'Arabie saoudite (financement), prennent le pouvoir et contrôlent, avec l’aide des islamistes étrangers, la majeure partie du pays en repoussant progressivement les moudjahidines du commandant Massoud dans les confins du nord-est du pays. Durant cette période de troubles, le Mollah Omar, chef militaire et religieux des talibans, impose la loi islamique à l'ensemble du pays. L'Afghanistan deviendra effectivement un camp d'entraînement pour les terroristes islamistes.
Au cours de la guerre froide, les États-Unis, via entre autres l'opération Cyclone de la CIA, ont dépensé 3,3 milliards de dollars américains et l'Arabie saoudite presque autant9 durant les dix ans de la guerre d'Afghanistan, pour alimenter la résistance antisoviétique et anticommuniste incarnée par, entre autres, les moudjahidines de Hekmatyar et de Oussama ben Laden.
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, a déclaré en janvier 1998, que c'est à la suite du coup d'État communiste à Kaboul d'avril 1978, « le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul », six mois avant l'intervention des Soviétiques10 avec pour objectif d'entrainer l'Armée rouge dans le « piège afghan ».
Mais le Président Carter, nouvellement arrivé au pouvoir, s'il est prêt à faire de l'Afghanistan, le « Viêt Nam » des Soviétiques, voulait avoir la responsabilité du combat sur le terrain et avait posé une condition à la CIA, celle de laisser à l'ISI, le pilotage de l'aide à la résistance afghane et la ventilation des fonds versée à celle-ci11.
L'aide, discrète les premières années, s'amplifie lorsque le Sénat triple, malgré l'hostilité de la CIA qui ne voulait pas provoquer une escalade avec l'URSS, le budget passant de 40 millions de dollars pour l'année fiscale 1983, à 120 millions de dollars pour 1984, 250 millions de dollars en 1985, 470 millions de dollars en 1986, 630 millions en 1987 et 584 millions en 198812. Mais pour Hamid Gul, ancien directeur de l'ISI pakistanaise, les Américains n'auraient financé qu'un quart du djihad afghan, les ¾ restants auraient été financés par l'Arabie saoudite et les États du Golfe persique13.
Sept mouvements de résistance afghans seront reconnus par le Pakistan14 :
À ces sept mouvements de résistance sunnites, s'ajoute deux mouvements de résistance chiites :
À partir de 1988, les mouvements de résistance chiites, sous l'influence de l'Iran, se réuniront sous le nom de Hezb-e Wahdat15.
L'Arabie saoudite étant un bailleur de fonds majeur du djihad afghan, puisqu'ayant financé les 3/4 de la guerre contre les Soviétiques13, avec les états du Golfe persique, Oussama Ben Laden, à l'origine, n'est qu'un représentant du Prince Turki al-Fayçal, alors chef des services de renseignements saoudiens, chargé de ventiler les sommes allouées à la résistance afghane16. Le chef de file des volontaires arabes était un certain Abdullah Azzam, un cheik palestinien, qui avait enseigné à l'université de Djedda, en Arabie saoudite. Au début des années 1980, il s'installa au Pakistan pour enseigner à l'Université Islamique Internationale, à Islamabad, construite avec des fonds saoudiens17. En 1984, il partit vers Peshawar, près de la frontière afghane, pour fonder le Maktab al-Khadamat (MAK), ou Bureau de Recrutement, chargé de recevoir et d'organiser le flux des volontaires arabes voulant participer à la guerre contre les Soviétiques17. Aux yeux d'Azzam, le djihad afghan était une obligation morale pour tous les musulmans, le sixième pilier de l'islam. Mais, déjà, Abdullah Azzam dépassait le cadre de l'Afghanistan, puisque dans son livre Défendre la terre des musulmans est le plus important devoir de chacun, il écrivait que l'Afghanistan n'était qu'un début :
« Ce devoir ne prendra pas fin avec la victoire en Afghanistan ; le Jihad restera une obligation individuelle jusqu'à ce que toutes les autres terres jadis musulmanes nous reviennent afin que l'islam règne de nouveau: nous attendent ainsi la Palestine, Boukhara, le Liban, le Tchad, l'Érythrée, la Somalie, les Philippines, la Birmanie, le Sud-Yémen, Tachkent et l'Andalousie18. »
L'internationalisme d'Azzam était donc une évolution capitale qui influença fortement Ben Laden19.
En plus du recrutement, Azzam s'efforçait d'inculquer aux volontaires, le goût du martyre, mettant en avant les récompenses promises en citant le seul hadith dans lequel le Prophète, garantit au Chahid, l'absolution de tous ses pêchés, 72 vierges et la permission d'emmener au Paradis 70 membres de sa famille19.
Des branches du MAK s'ouvrirent dans beaucoup de pays de musulmans, et il y eut même une antenne à Brooklyn, à New York20. Ils s'appuyaient sur le vaste réseau des Frères musulmans, qui pourvoyaient le djihad afghan en volontaires pour le martyr.
Milton Bearden, le chef de l'antenne locale de la CIA au Pakistan, de 1986 à 1989, évalue le flux des volontaires arabes pour toute la guerre à environ 25 000, dont la moitié de combattants16.
Oussama Ben Laden, passait son temps entre le Pakistan et l'Arabie saoudite, pour collecter des fonds et les redistribuer. À Peshawar, il louait une villa au 61, rue Sayyid Jamal al-Din Afghani, qu'il appelait beit al-ansar1, la maison des partisans21. Pour Jason Burke, journaliste britannique, correspondant pour The Guardian en Asie du Sud, Ben Laden ne fut jamais financé par la CIA, puisque les accords entre les Américains et le général Zia, président du Pakistan, prévoyaient que les fonds américains finançaient uniquement les organisations de résistance afghanes, par le biais de l'ISI, et non les volontaires arabes11.
Ben Laden, d'ailleurs, n'était pas spécialement un combattant, mais plutôt un riche mécène saoudien qui créait des hôpitaux, aidait les familles des martyrs11.
Les volontaires arabes s'entraînaient surtout dans le camp d'Abdul Rasul Sayyaf, le seul chef de la résistance afghane qui était wahhabite, à l'Université du Da'wa et du Djihad, construite à Pabbi, près de Peshawar, et à Khaldan22.
Ben Laden, lui, avait fait construire une base pour son propre usage, baptisée la « Tanière du Lion », près de Jaji23. Et c'est ici qu'il participa, pour la première fois, à des combats contre les Soviétiques, durant l'été 1986, à la tête de quelques centaines de volontaires arabes23.
Les relations entre les volontaires arabes et les populations locales furent souvent tendues. L'islam rigoriste pratiqué par ces volontaires s'accordait mal avec les pratiques plus souples des Afghans. En 1988, Ben Laden refusa d'aider un chef moudjahidin local, Mohammed Saïd Pahlwan, parce qu'il fumait et ne portait pas la barbe24. Durant les dernières années de la guerre, les affrontements entre Arabes et Afghans devinrent plus fréquents, surtout dans le nord-est du pays, dans la province de Kounar, où les wahhabites avaient déclaré leur indépendance24.
Les commandants Massoud et Amin Wardak25 et d'autres témoignent dans leurs livres de la situation très difficile des résistants afghans qui ont dû se battre quasiment toujours avec des armes dépassées ou dérobées aux Soviétiques lors de leurs victoires. Ceci laisse à penser que plusieurs groupes Afghans n'ont bénéficié que peu de l'aide américaine et saoudienne, l'essentiel de l'argent étant détourné par l'État pakistanais pour ses propres besoins.
Au total, durant leurs 110 mois de présence militaire, plus de 900 000 Soviétiques servirent en Afghanistan. 800 hélicoptères et avions, 1 500 blindés et plusieurs milliers de véhicules ont été détruits. Le coût financier pour l’URSS est estimé entre 2 et 3 milliards de dollars américains par an.
Les pertes humaines soviétiques selon Grigori Krivocheïev dans son ouvrage traduit en anglais Russia and USSR In The Wars Of The 20es Century. Losses in Armed Forces, Statistical paru en 2001 sont les suivantes :
La moyenne de « pertes » par mois était de 4 366 en comptant les malades dont 126 morts.
En mars 2013, un comité d'anciens combattants estime à 264 le nombre de militaires toujours portés disparus, 29 autres ont été retrouvés après le départ de l'armée soviétique26.
Les pertes afghanes (tous bords confondus) sont estimées à 1 242 000 morts dont 80 % de civils27. La guerre (1979-1989) aura provoqué l'exil de 4 millions d'Afghans pour une population de 15 millions28. On estime que 30 % de la population avait quitté le pays ou s’était déplacée à l’intérieur des frontières27. Depuis 1992, sur les 6 millions d’expatriés afghans, environ 3 millions étaient revenus en 199827.
L'invasion de l'Afghanistan par l'URSS a provoqué un vaste mouvement de protestation parmi les gouvernements pro-occidentaux. L'une des conséquences fut le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou par de nombreux pays pro-occidentaux et le gel de la ratification des accords de limitation des armements SALT II.
source: Wikipédia
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